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France Lord (2)

Vedette du mois d’août : France Lord

7 août 2025

De la passion à l’engagement  

Le triathlon, un sport qui allie détermination, diversité et dépassement de soi, est un véritable terrain de croissance pour ceux qui choisissent de s’y consacrer. France, triathlète passionnée et engagée, incarne parfaitement ces valeurs. Son histoire, marquée par des défis personnels et des victoires inattendues, témoigne de l’importance de la persévérance et de la camaraderie dans ce sport. 

Peux-tu te présenter en quelques mots ? 

Je m’appelle France, j’ai 61 ans et je vis à Montréal. Depuis bientôt 22 ans, je suis associée chez Pirogue, où j’exerce en tant qu’historienne et muséologue. J’ai un fils de 31 ans, passionné par l’ingénierie, la plongée en apnée et l’escalade. 

Comment as-tu découvert le triathlon ? 

En 2014, ma conjointe de l’époque m’a parlé de la création d’un club de triathlon dans le quartier Centre-Sud de Montréal, où elle travaillait. Comme elle dirigeait un organisme communautaire avec des réunions souvent en soirée, je me retrouvais souvent seul. Ce club de triathlon a alors comblé mes soirées avec du sport… et une belle dose de camaraderie ! 

Qu’est-ce qui t’a poussé à franchir le pas ? 

C’était en janvier, et une fasciite plantaire m’empêchait de courir. Le triathlon m’a offert une belle alternative pour rester active grâce au vélo et à la natation, en attendant de pouvoir recourir au printemps. Le dépassement de soi et le côté social du sport ont aussi été des éléments clés qui m’ont beaucoup motivé. 

Quel a été ton premier triathlon et comment l’as-tu vécu ? 

J’ai fait mon tout premier triathlon sprint à Gatineau en 2014. J’avais préparé tout mon équipement, soigneusement étalé en plein milieu du salon. La veille de la course, je suis partie dormir chez une amie de Gatineau qui participait elle aussi. J’étais fébrile. J’avais un wetsuit que j’avais testé quelques fois, mais pas de trisuit : je portais une camisole et une petite culotte sous ma combinaison, et j’ai enfilé un cuissard à la transition. 

L’ambiance, les encouragements, l’enchaînement des trois disciplines… j’ai tout simplement adoré. J’avais l’impression d’être une enfant qui venait de faire trois manèges d’affilée à La Ronde. À l’arrivée, submergée par l’émotion, je suis même retournée sur le parcours pour accompagner une coéquipière jusqu’à la ligne d’arrivée. Ce jour-là, j’étais conquise. 

Quelle est ta plus grande fierté dans ton parcours de triathlète ? 

J’ai dû surmonter de nombreuses blessures, souvent liées à des facteurs extérieurs comme des accidents ou des travaux de rénovation, ce qui m’a longtemps empêchée de participer à un triathlon olympique. Mais lorsque j’ai enfin terminé mon premier olympique en 2023, en terminant 4e dans ma catégorie d’âge, j’ai éclaté en larmes de joie. 

Y a-t-il un moment fort qui t’a marqué ? 

L’an dernier, deux semaines avant la course Esprit, j’ai subi une grosse entorse en manquant une chaîne de trottoir lors d’une longue course. Je suis rentrée chez moi en boitant, frustrée. C’était un samedi, et j’étais complètement abattue. Le lundi suivant, j’ai pris rendez-vous avec une physiothérapeute que m’avait recommandée une coéquipière (j’avais perdu ma physio de longue date). Elle m’a rassurée, affirmant que tout n’était pas perdu. Elle a utilisé la méthode PEACE & LOVE pour traiter les blessures aux tissus mous (je vous conseille de regarder en ligne). Avec l’aide de mon coach de course, j’ai pu prendre le départ du sprint et surprendre tout le monde, y compris moi-même, en terminant 3e de mon groupe d’âge. 

À quoi ressemble ta routine d’entraînement ? 

Je fais deux séances de natation, deux de course et deux de vélo par semaine. J’ajoute parfois une ou deux séances de musculation. Je prends aussi 15 minutes chaque jour pour m’étirer ou me rouler. En été, pour la course, je varie entre la piste, le Mont-Royal et les rues/parcs. Pour la natation, je fais de la piscine intérieure ou extérieure, ainsi que de l’eau libre à la plage Doré. Pour le vélo, je roule sur le circuit Gilles-Villeneuve, le Mont-Royal et sur route. L’hiver, je continue à courir dehors. 

Comment concilies-tu le triathlon avec tes autres responsabilités ? 

Je me concentre sur les courtes distances, sprint et olympique. Je n’ai pas besoin du même volume d’entraînement que mes ami.e.s qui font du demi-long ou du long. Travailler à domicile m’aide beaucoup. On m’a déjà dit : “Avoue que c’est trop [d’entraînement] !”, comme si c’était un crime… Et je répondais : “C’est juste ce qu’il faut pour le triathlon.” 

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui hésite à essayer le triathlon ? 

Les réticences viennent souvent du manque de temps, de l’idée d’un effort trop difficile et des coûts. Les gens associent triathlon à “Ironman”, alors je leur explique qu’il existe des distances plus courtes, demandant moins de temps. Pour l’effort, c’est la régularité de l’entraînement qui fait toute la différence. Pratiquer trois sports, dont un seul avec impact, permet de mieux répartir l’effort et de réduire les risques de blessures. À plus de 60 ans, je prends toujours autant de plaisir à pratiquer le triathlon. Pas besoin d’un vélo de contre-la-montre dernier cri, un vélo de route suffit. Après, tout dépend des objectifs à moyen terme. Avec le temps, j’ai apporté quelques améliorations à mon équipement. 

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans la communauté du triathlon ? 

La camaraderie et l’entraide sont au cœur de mon expérience. J’y ai noué de belles amitiés. Je pratique le triathlon dans un club qui limite volontairement le nombre d’inscriptions pour préserver une atmosphère conviviale. Les valeurs du club, comme la diversité, sont essentielles pour moi. Le triathlon me permet de rencontrer des personnes de tous âges. M’entraîner et échanger avec des personnes ayant la moitié de mon âge, c’est un véritable privilège. 

Y a-t-il une personne qui t’inspire ? 

Sans aucun doute, mes coachs. Jaime Richard, cofondatrice du club, qui entraîne la natation depuis douze ans avec une énergie et un engagement remarquables pour faire de nous de meilleures nageuses et de meilleurs nageurs. Éric Laily, cofondateur du club, qui nous a tous embarqués dans sa folle aventure, en nous coachant sur la course et le vélo. Marcos Gutierrez, qui a pris la relève et qui croit en moi plus que je ne crois en moi-même. Et bien sûr, une mention spéciale à mon amie et coéquipière, Micheline Lefebvre, qui, à 70 ans, continue de réaliser des triathlons demi-longs et des marathons. 

Quels sont vos objectifs futurs en triathlon ? 

J’aimerais améliorer mes performances sur les distances sprint et olympique. Le défi de cette année : courir un demi-marathon. 

Comment vois-tu l’évolution du triathlon au Québec ? 

Je n’ai pas de boule de cristal et je ne connais pas suffisamment la situation pour me prononcer là-dessus. J’espère simplement que le coût des inscriptions n’augmentera pas de manière excessive et que le triathlon restera un sport “accessible”. 

Sur quelles courses pourra-t-on te voir en 2025 ? 

Cette année, j’ai prévu plusieurs courses pour relever de nouveaux défis et améliorer mes performances. Le 13 avril, je commencerai par le 10 km lors du Demi-marathon de Saint-Jean-sur-Richelieu. Ensuite, le 18 mai, je participerai au 5 km du Marathon de Longueuil. Un parcours rapide pour travailler ma vitesse et ma stratégie de course. Pour le Sprint, je m’attaquerai à Gatineau, une distance plus courte mais exigeante. Mon épreuve Olympique sera à Esprit, où je compte mettre en pratique tout l’entraînement accumulé, un vrai test de résistance et de gestion d’effort. Pour clôturer l’année, je ferai le Demi-marathon du Marathon du P’tit train du Nord le 4 octobre. Un beau défi à relever à la fin de la saison. 

Un dernier mot ? 

Il y a quelques années, j’ai eu l’opportunité de faire du bénévolat lors du triathlon de Magog, où se déroulaient des sélections paralympiques. J’ai été profondément touchée par la détermination et le courage de ces athlètes qui font face à toutes sortes de handicaps. C’était un moment très émouvant d’être présente et de vivre cela de près. 

Un souvenir inoubliable ! 

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France incarne à merveille les valeurs du triathlon : la discipline, l’endurance et la volonté de toujours repousser ses limites. Son parcours montre que, peu importe les obstacles, il est possible de surmonter chaque défi avec de la rigueur, de la persévérance et l’appui d’une équipe motivante. 

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