VEDETTE DU MOIS DE JUIN : SERGE LACROIX
Triathlon et Détermination
Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous présenter Serge, un triathlète déterminé dont le parcours est un véritable modèle de résilience. De ses débuts modestes à ses exploits sur des courses de haute intensité, Serge nous raconte son évolution, ses défis personnels et ses projets à venir. Sa passion pour le triathlon et sa persévérance en font une source d’inspiration pour tous ceux qui rêvent de se lancer dans l’aventure.
Le déclic d’une aventure inattendue
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Serge Lacroix, j’ai 59 ans, je viens de Montréal et je suis comptable professionnel agréé (CPA) depuis plusieurs années.
Comment as-tu découvert le triathlon ?
Ouf, ça remonte ! Il y a environ 25 ans, j’étais tombé sur un article dans le magazine VéloMag, je crois bien que c’était là qui parlait du triathlon. J’avais été vraiment impressionné par ces athlètes capables d’enchaîner la natation, le vélo et la course à pied. À l’époque, on commençait à entendre parler un peu plus de ce sport qui était encore assez nouveau pour le grand public. Mais je me disais que ce n’était pas pour moi… Il fallait, selon moi, être un grand athlète pour pratiquer ce genre de discipline. Je me mettais plein de barrières, d’autant plus que je n’étais pas du tout sportif. À part un peu de vélo de temps en temps, je ne faisais pratiquement aucune activité physique.
Qu’est-ce qui t’a poussé à franchir le pas ?
C’est en participant au Tour de l’île de Montréal avec ma belle-sœur que tout a vraiment commencé pour moi. En me voyant pédaler à bonne vitesse, elle m’a lancé : « Tu devrais faire des courses de vélo ! » Et moi de lui répondre : « Ben voyons, je ne suis pas assez bon pour ça… », encore une barrière que je me mettais.
Puis un jour, elle m’a tendu un dépliant du duathlon de Saint-Sauveur et elle m’a dit : « Moi, je te vois faire ce genre d’événement. » Et encore une fois, ma réponse a été : « Non non, je ne suis pas assez athlétique pour ça. »
Mais après quelques jours de réflexion, et un peu pour la taquiner, j’ai décidé de m’inscrire. Et ça a été le début d’une merveilleuse aventure dans le monde du triathlon. J’ai eu un vrai buzz, une fierté immense en franchissant la ligne d’arrivée. Et là, je me suis dit : « L’an prochain, j’essaie un triathlon… et pourquoi pas ! ».
De l’incertitude à l’accomplissement
Quel a été ton premier triathlon et comment l’as-tu vécu ?
L’année suivante, à 33 ans, je me suis inscrit à mon tout premier triathlon : le triathlon de Ste-Agathe, organisé par Sportriple. Quelle aventure ! Je me souviens encore de toute la nervosité qui m’habitait ce jour-là. Je me demandais sérieusement ce que je faisais là… La fameuse comparaison avec les autres, toujours présente dans ma tête.
La nage a été particulièrement difficile. J’ai eu besoin de prendre une pause, appuyé sur un kayak, le temps que le fameux deuxième souffle embarque. Et puis… ah oui, je portais un speedo bleu ciel avec un chamois intégré, honnêtement, ça donnait l’impression de porter une couche ! Côté vêtements, disons que ça a bien évolué depuis.
Le vélo et la course, eux, se sont mieux passés. Même si j’ai terminé parmi les derniers (et c’est encore souvent le cas aujourd’hui !), j’étais extrêmement fier de moi. Le sentiment d’accomplissement était énorme. C’est ce jour-là que j’ai su que je voulais continuer dans le triathlon l’année suivante.
Quelle est ta plus grande fierté dans ton parcours de triathlète ?
Après plusieurs années à enchaîner les triathlons sprint, olympiques, quelques demi-Ironman et même des marathons, me présenter sur la ligne de départ de la toute première édition de l’Ironman de Tremblant en 2012 a été un moment de grande fierté. Moi, qui n’étais pas du tout sportif plus jeune, qu’on choisissait toujours en dernier dans les équipes, et à qui on criait après parce que je « faisais perdre », eh bien… ce jour-là, c’était ma revanche sur le sport.
Si quelqu’un m’avait dit, dans ma jeunesse, que je ferais un Ironman un jour, je ne l’aurais jamais cru. Et pourtant, ce matin-là, sur la plage du Lac Tremblant, je me suis senti exactement à ma place. Sur mon X, comme on dit. Cette journée a été un pur moment de réalisation et d’accomplissement.
Après 14 heures et 57 minutes d’efforts, de doutes, de joie et de persévérance, j’ai franchi la ligne d’arrivée. Je me suis tourné vers la foule, les bras levés, comme pour dire un immense « bye bye » à mes vieux démons. À tous ces messages intérieurs qui m’avaient toujours dit que je ne serais jamais un vrai sportif.
Et puis il y a eu le Canadaman/woman en 2018, un autre défi de taille, un triathlon extrême. Franchir cette ligne-là aussi m’a rempli d’une fierté immense.
Mais au-delà des médailles et des kilomètres parcourus, ce qui me rend le plus fier, c’est d’avoir appris à me connaître. D’avoir évolué, dans toutes les sphères de ma vie personnelle, professionnelle et sportive. Le triathlon m’a permis de me découvrir et, quelque part, de devenir une meilleure version de moi-même.
Je le dis souvent : je ne fais pas des chronos impressionnants, je ne monte pas sur les podiums. Mais je crois profondément qu’avec de la détermination et de la persévérance, même avec un talent « ordinaire », on peut accomplir des choses extraordinaires.
Un premier entrainement marquant
As-tu une anecdote marquante à raconter ?
Je me souviens du Triathlon de Ste-Agathe, mais je ne me rappelle plus de l’année exacte. Mon ami et partenaire d’entraînement, Éric, et moi sommes arrivés seulement 15 minutes avant le départ. On n’était vraiment pas prêts ! On s’est précipités pour sortir nos affaires de l’auto, courir à la zone de transition pour déposer nos vélos de manière un peu chaotique. Ensuite, on a mis nos wetsuits et on s’est dirigés vers le départ de la nage.
Il restait 5 minutes avant le départ. En essayant d’enfiler nos wetsuits, on a voulu aider l’autre à relever la fermeture éclair, mais… on a fait tomber nos casques de bain dans l’eau du lac ! Et là, on voit les casques partir à la dérive. On s’est mis à courir après, dans l’eau, pour les récupérer. Finalement, 5 secondes avant le départ, on était prêts ! Ce n’était pas l’idéal, mais on a vraiment eu un énorme fun malgré tout.
Entraînement et équilibre de vie
À quoi ressemble ta routine d’entraînement ?
Pour ma part, je consacre environ 10 heures par semaine à l’entraînement pendant l’automne et l’hiver, et 15 heures par semaine au printemps et en été, à l’approche des événements. En semaine, mes entraînements sont principalement axés sur des intervalles et de la musculation, tandis que le week-end, je me consacre aux longues sorties de vélo et de course, entrecoupées de séances de natation, de ski de fond et de patinage sur lames nordiques en hiver. Je n’ai jamais atteint les 20 heures d’entraînement par semaine, car après tout, il y a aussi une vie en dehors du triathlon.
Comment concilies-tu le triathlon avec tes autres responsabilités ?
Concilier le triathlon avec mes autres responsabilités, que ce soit professionnelles ou personnelles, demande une certaine organisation, mais c’est tout à fait faisable. Je m’entraîne principalement en dehors de mes heures de travail, en soirée et pendant les fins de semaine. J’ai appris à intégrer l’entraînement dans mon emploi du temps de manière stratégique, en planifiant mes séances à l’avance et en étant flexible lorsque des imprévus surviennent.
Pourquoi essayer le triathlon ?
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui hésite à essayer le triathlon ?
Il ne faut pas avoir peur de se lancer et ne pas prêter attention aux jugements négatifs de l’entourage (comme « Pourquoi tu fais ça ? » ou « À ton âge, tu n’es pas sportif »). Il est important de ne pas se comparer aux autres, car chacun a son propre parcours, ses propres objectifs et ambitions. Je dirais qu’il faut avant tout assumer sa propre responsabilité dans la course et vivre son triathlon sans se mesurer aux autres. Il ne faut pas se mettre de barrières et s’ouvrir à la découverte de soi à travers le sport, et surtout le triathlon. Ce dernier permet d’apprendre à se connaître et de développer la confiance en soi.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans la communauté du triathlon ?
C’est avant tout l’esprit de camaraderie, d’entraide et de partage de passion. Le triathlon nous permet de rencontrer des personnes de tous horizons, tout en prenant du plaisir à pratiquer ce sport. C’est aussi l’occasion d’échanger des conseils d’entraînement, de nouer des amitiés avec d’autres passionnés et de partager nos anecdotes et expériences de courses.
Inspirations et objectifs futurs
Y a-t-il une personne qui t’inspire ?
Le parcours de Pierre Lavoie est vraiment inspirant. Partir de quelqu’un qui n’était pas sportif, qui fumait, et qui est parvenu à se qualifier à plusieurs reprises pour l’Ironman d’Hawaï, c’est incroyable. À côté de cela, j’ai deux amis qui m’inspirent énormément : Jean Dessureault, un grand athlète en triathlon et en ultratrail, ainsi que Guylaine Larouche, une athlète exceptionnelle en vélo et en patins de vitesse.
Quels sont vos objectifs futurs en triathlon ?
Mes objectifs futurs sont de continuer à pratiquer le triathlon pendant encore longtemps et de garder cette passion pour le sport pendant les 25 prochaines années.
En 2026, j’aurai 60 ans, et je réfléchis à un événement spécial pour marquer le coup. Pourquoi pas reprendre le Canadaman/woman ? Il y a aussi le Austria Extreme Triathlon en Autriche, qui m’attire beaucoup. C’est un triathlon similaire au Canadaman/woman, avec le vélo et la course à pied dans les montagnes autrichiennes – ça doit être une expérience incroyable. Dans mes rêves les plus fous, il y aurait aussi le Norseman, mais c’est un défi de taille. Mais bon, on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve.
J’aimerais aussi reprendre quelques courses d’ultratrail. Il y a le Tordret, une course de 110 km en Italie, dans le cadre du Tor des Géants, qui m’intéresse particulièrement.
Et bien sûr, je n’oublie pas que j’aimerais retourner en Autriche, à Wiessenssee, pour participer à nouveau au marathon de patins de 200 km en lames nordiques.
L’évolution du triathlon au Québec
Comment vois-tu l’évolution du triathlon au Québec ?
Depuis quelques années, le triathlon connaît un véritable engouement au Québec, et je pense qu’il y a encore une belle marge de progression pour faire évoluer ce sport. De nombreuses personnes souhaitent se lancer dans le triathlon, ce qui est vraiment encourageant. Un grand bravo à la fédération pour son travail auprès des écoles afin de sensibiliser les jeunes à la pratique du triathlon. Il existe de belles initiatives, comme les triathlons découverte, qui permettent de faire connaître ce sport à un public plus large.
Je suis convaincu que le thème « Vedettes du mois » peut aider à encourager ceux qui hésitent à se lancer dans le triathlon. Il est important de mettre en avant l’accessibilité du sport, de montrer qu’il n’est pas réservé à une élite, et qu’il n’est pas nécessaire d’avoir des équipements haut de gamme ou de consacrer des heures et des heures à l’entraînement pour en profiter.
J’aimerais également donner des conférences pour partager mon parcours atypique en triathlon, afin de montrer qu’avec un talent ordinaire, mais une détermination et une persévérance exceptionnelles, on peut accomplir de grands défis sportifs.
Sur quelles courses pourra-t-on te voir en 2025 ?
Les années 2023 et 2024 ont été bien remplies pour moi. L’année 2025 sera plus calme, mais je ne compte pas rester inactif. Je prévois m’inscrire au Xterra de Bromont, un triathlon avec vélo de gravelle, et participer au Triathlon Epic fin septembre. Le vélo de gravelle et la course en sentier m’attirent particulièrement. Je pense aussi faire un ou deux triathlons olympiques, mais je n’ai pas encore pris ma décision. Pour bien démarrer la saison, je vais participer au demi-marathon Banque Scotia en avril.
Un dernier mot ?
Je pense que c’est assez complet. C’est peut-être un peu long, mais bon, je suis passionné par mon sport !
Ah oui, j’avais oublié de mentionner qu’un mois avant l’Ironman de Tremblant en 2012, mon ami et moi avons traversé à la nage les 7 km du lac Boker en Estrie. Ça m’a pris exactement 3 heures pour nager cette distance.
Un énorme merci pour l’intérêt porté à mon histoire. Si cela peut inspirer ne serait-ce qu’une personne à se lancer dans le triathlon, ce sera déjà un pari gagné.
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Serge incarne parfaitement l’esprit du triathlon : la persévérance, la passion et le dépassement de soi. Son parcours montre que chaque défi, même le plus ambitieux, peut être relevé grâce à l’engagement, à la volonté et au soutien d’une communauté soudée.