VEDETTE DU MOIS DE MAI : ASTRID PEREGORD

De la passion à la performance en Triathlon

Le triathlon est un sport qui forge des caractères, un sport de persévérance et de passion. Aujourd’hui, nous avons l’honneur de vous présenter Astrid Peregord, une triathlète déterminée dont le parcours est marqué par un engagement sans faille et une quête constante d’excellence. De ses débuts en compétition à ses objectifs ambitieux sur les plus grandes courses, Astrid nous livre son histoire, ses défis et sa vision pour l’avenir.


Le triathlon, une révélation inattendue

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Astrid Peregord, j’ai 34 ans et je vis à Montréal. Je suis Canadienne d’origine française. Pharmacienne de formation, je travaille actuellement comme remplaçante sur des contrats flexibles. Et tout récemment, j’ai franchi une grande étape en obtenant ma carte professionnelle de triathlète longue distance !

Comment as-tu découvert le triathlon ?

Quand j’étais plus jeune, je me souviens vaguement avoir vu les championnats du monde Ironman à Kona à la télé. À l’époque, je ne comprenais pas vraiment ce que c’était. Pour moi, c’était juste un truc complètement fou, inaccessible. Je regardais ça de très loin, sans vraiment saisir l’ampleur ou la logique de ce sport… mais quelque part, ça m’intriguait déjà.

Jamais je n’aurais imaginé, à ce moment-là, me lancer un jour dans le triathlon ! Moi, je faisais du tennis et j’adorais ça, c’était mon univers.

Qu’est-ce qui t’a poussé à franchir le pas ?

C’est finalement un accident de ski, en février 2015, qui m’a menée sur le chemin du triathlon. Je me suis fracturé le genou, et pendant ma rééducation, on m’a orientée vers le vélo et la natation, deux disciplines que je ne connaissais absolument pas à l’époque !

Je faisais un peu de course à pied avant, mais là, je découvrais un tout nouvel univers. Et c’est un peu comme ça, presque par hasard, que tout a commencé. J’ai voulu marquer la fin de ma rééducation en me lançant un petit défi : un triathlon sprint à l’été 2016. Une manière de célébrer le chemin parcouru… sans savoir que ce serait le début d’une vraie passion.


Du premier triathlon à la carte professionnelle

Quel a été ton premier triathlon et comment l’as-tu vécu ?

C’était lors du S-Triman de Sherbrooke, un triathlon sprint en juin 2016. Honnêtement, je crois que je ne réalisais pas vraiment ce que je faisais à ce moment-là ! Tout est un peu flou dans mes souvenirs… Je ne me rappelle même pas avoir vraiment préparé mes transitions. Mon objectif, c’était surtout de marquer la fin de ma rééducation.

À l’époque, je ne savais pratiquement pas nager, et je me souviens surtout d’avoir trouvé le vélo vraiment difficile. Mais j’avais une vraie envie de me dépasser, de me prouver quelque chose. Ce dont je me souviens clairement, en revanche, c’est à quel point j’ai adoré l’expérience. J’étais complètement vidée à l’arrivée, j’avais trouvé ça tellement dur ! Mais aussi incroyable.

Cela dit, à ce moment-là, jamais je n’aurais imaginé me lancer sérieusement dans le triathlon. C’était un défi ponctuel, une manière de célébrer le fait que j’étais à nouveau sur mes deux pieds, prête à refaire du sport, et surtout à recourir, ce que j’aimais par-dessus tout.
J’étais simplement reconnaissante d’avoir découvert un sport qui m’avait permis de me reconstruire.

Quelle est ta plus grande fierté dans ton parcours de triathlète ?

Ce n’était pas facile de choisir, mais si je devais retenir un moment marquant, je dirais l’obtention de ma carte professionnelle en triathlon longue distance, en décembre dernier. Pas tant pour la carte en elle-même, mais pour tout ce qu’elle représente.

C’est ma coach Kyla qui, dès notre rencontre en novembre 2021, m’a soufflé cette idée. Devenir athlète professionnelle ? Jamais je n’aurais osé y penser seule. Le triathlon avait déjà une place importante dans ma vie, mais cet objectif a tout changé. Il a donné un sens nouveau à mon engagement, à mes entraînements, à mes choix.

Cette carte, ce n’est pas une fin en soi. C’est le fruit d’années de travail. De décisions prises parfois à contre-courant, de renoncements aussi. De hauts, de bas, de doutes, de remises en question. De rencontres marquantes. De séparations parfois nécessaires. Elle symbolise tout un cheminement — personnel, professionnel, humain.

Ce parcours m’a permis de construire un socle solide autour de moi. Un réseau de personnes qui m’ont soutenue, portée, challengée. Et pour viser haut, comme cet objectif un peu fou de devenir pro, il fallait que ce socle soit stable. Rien n’aurait été possible sans ça.

Aujourd’hui, je suis fière de là où je suis arrivée. Rien n’était écrit d’avance pour moi. Absolument rien. Et pourtant, me voilà, en 2025, prête à entamer ma première saison sur le circuit professionnel Ironman.

La suite ? Elle est pleine d’incertitudes. Et c’est justement ça qui m’anime. Aussi paradoxal que ça puisse paraître, c’est l’inconnu qui me pousse à avancer.

Un premier entrainement marquant

Y a-t-il un moment fort qui t’a marqué ?

Ouf… Oui, des dizaines de souvenirs, haha ! Un des moments que j’aime beaucoup raconter, c’est mon premier entraînement avec mon groupe actuel. Je me suis présentée un samedi matin pour nager avec eux, et ma coach Kyla ne m’avait évidemment jamais vue nager. Ce fut un sacré changement, haha… Arriver dans un nouvel environnement avec des méthodes d’entraînement différentes, c’est déjà beaucoup d’informations à intégrer.

Mais là, le fossé entre le niveau de nage du groupe et le mien était ENORME ! Je n’avais jamais nagé de papillon de ma vie. Je me demandais sérieusement si j’allais réussir à tenir le coup sur 25m. Je me rappelle encore m’être cognée violemment la main contre la ligne d’eau ce jour-là (chut, c’est un secret haha). Je crois que j’ai bu la tasse au moins 4 fois. Je n’ai même pas réussi à terminer l’entraînement, il a fallu écourter la séance ! À ce moment-là, j’ai pris conscience de l’ampleur de ce dans quoi je m’embarquais. Ça m’a fait un peu peur, évidemment ! Mais la « bonne » peur, celle qui te pousse à te dépasser. Avec ma coach, on a vu le travail qui nous attendait… C’était excitant, mais aussi rempli d’incertitudes sur ce qui allait arriver.

Aujourd’hui, je me dis que le courage que ça m’a pris pour arriver à cet entraînement et le courage qu’il m’a fallu pour revenir après chaque séance sont des étapes clés. Et même si aujourd’hui, je continue de prendre des « raclées » dans l’eau, haha… je finis toujours mes entraînements !


Pratique sportive et équilibre quotidien

À quoi ressemble ta routine d’entraînement ?

En ce moment, je m’entraîne environ 20 heures par semaine. L’été, ou à l’approche des compétitions, ça grimpe plutôt autour de 25 heures, surtout parce qu’on augmente les sorties vélo.

Le lundi, c’est ma journée plus tranquille, voire carrément off.
Du mardi au samedi, on alterne entre des séances de qualité avec des intervalles et des entraînements plus “easy” pour ajouter du volume sans trop tirer sur la corde.

Le dimanche est souvent réservé aux sorties longues, que ce soit à vélo ou en course à pied, même si ça peut varier d’une semaine à l’autre.
J’intègre aussi trois séances de musculation, que j’adapte selon mon planning et mes obligations pro.

L’objectif, c’est clairement d’accumuler du volume tout en maintenant 3 à 5 séances d’intensité dans la semaine.

Comment concilies-tu le triathlon avec tes autres responsabilités ?

Ah… vaste question ! Je dis souvent en riant que « je pense que j’aime ça, le jonglage » — et heureusement, parce que ce n’est pas toujours simple !

Les entraînements prennent non seulement beaucoup de temps (souvent 3 à 5 heures par jour), mais demandent aussi une vraie gestion de l’énergie. Pour qu’ils soient efficaces, il faut arriver reposée, et donc réussir à bien récupérer… ce qui est un défi en soi quand on a aussi une vie à côté du sport.

Le triathlon ne me fait pas (encore) vivre financièrement, donc je travaille en parallèle, en pharmacie. Et j’ai énormément de chance : depuis trois ans, je suis à temps partiel. Ça a littéralement changé ma vie. J’ai trouvé un équilibre qui me permet de concilier mes objectifs sportifs avec ma vie professionnelle. Ce n’est pas parfait, mais ça fonctionne.

Et puis, j’aime aussi beaucoup le social, passer du temps avec mes proches. J’ai la chance d’être très bien entourée. Mes amis sont compréhensifs, ils savent que mes soirées finissent parfois tôt parce que je suis crevée… ou que j’ai une grosse séance le lendemain ! Mais ils jonglent avec moi, et ils me soutiennent. J’ai aussi un soutien inconditionnel de mes parents et de ma sœur — mes premiers fans, qui me suivent dès qu’ils le peuvent sur mes compétitions.

Tout ça, ça ne s’est pas fait en un jour. Il m’a fallu des années pour trouver un rythme à peu près stable. Et c’est encore fragile parfois. Ça demande de l’ajustement constant — pour moi, et pour ceux qui m’entourent. Mais aujourd’hui, je peux dire que je suis heureuse dans ce rythme… parfois effréné, mais tellement stimulant.


Pourquoi essayer le triathlon ?

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui hésite à essayer le triathlon ?

Le triathlon, c’est un sport très chronophage, peu importe le niveau auquel on le pratique. Bien sûr, la charge d’entraînement dépendra des distances visées et des objectifs fixés, mais il faut tout de même être conscient de ce dans quoi on s’embarque quand on se lance !

Avec trois disciplines à jongler (natation, vélo, course), ça implique pas mal de logistique : trouver une piscine, caler les créneaux d’entraînement, courir dehors même en hiver, peut-être s’inscrire dans une salle de sport… Tout ça demande beaucoup d’ajustements avec la vie pro et perso.

C’est pourquoi je conseille vraiment de bien poser ses objectifs dès le début. Des objectifs réalistes, atteignables, qui vous gardent motivés semaine après semaine. Et surtout : entourez-vous ! Trouver un groupe d’entraînement ou au moins un(e) partenaire de sport, ça change tout. C’est beaucoup plus motivant, plus fun… et on progresse plus vite à plusieurs.

Enfin, un aspect essentiel souvent sous-estimé : la nutrition. Peu importe le niveau, c’est une vraie base. Plus le volume d’entraînement augmente, plus ça devient important. Bien manger, ça permet de récupérer, d’éviter les blessures, de garder de l’énergie et surtout… de tenir sur la durée !

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans la communauté du triathlon ?

Ce que j’aime profondément dans le triathlon, ce sont les rencontres et les opportunités qu’il offre. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas un sport si solitaire ! Les compétitions nous emmènent aux quatre coins du monde, et on revient toujours avec des souvenirs incroyables, des histoires dingues et surtout… des rencontres inoubliables.

Le triathlon, c’est beaucoup de partage. Il nous connecte à des communautés de nageurs, cyclistes et coureurs, toutes aussi passionnées les unes que les autres. Personnellement, j’ai la chance de m’entraîner avec des athlètes venus du monde entier. On apprend tellement des autres : leurs méthodes, leurs cultures, leurs réalités.

C’est un sport qui demande une vraie adaptabilité, parce qu’on doit composer avec les contraintes du quotidien et du terrain. Mais ce qui le rend unique, c’est cette diversité et cette passion commune. Il suffit de tendre l’oreille : les histoires de triathlètes sont souvent profondes, sincères et inspirantes. Pour beaucoup, ce n’est plus juste un sport… c’est un vrai mode de vie. Et je trouve ça fascinant.


Inspirations et objectifs futurs

Y a-t-il une personne qui t’inspire ?

Oui, tellement… Le triathlon m’a permis de croiser des personnes extraordinaires. Grâce à ce sport, je me suis fait des amis pour la vie. J’ai eu la chance de rencontrer des figures emblématiques du triathlon,  de véritables “rock stars” qui m’inspirent encore aujourd’hui. Chaque échange, chaque histoire, m’a construite. Ce sport nous fait vivre des moments d’une intensité rare, et ces souvenirs-là m’accompagnent au quotidien.

Mais si je devais mettre une personne en lumière, ce serait sans hésiter ma coach actuelle, Kyla Rollinson. Son parcours, sa vision, son humanité… C’est une femme remarquable, à l’écoute, curieuse, toujours en quête d’apprentissage – pas seulement dans le sport, mais dans la vie. Elle m’a aidée à évoluer, à me dépasser, tout en respectant profondément qui je suis. Elle a su révéler mon potentiel en m’accompagnant avec justesse, sensibilité et exigence.

Travailler avec elle depuis plus de trois ans, c’est un vrai privilège. Ce qu’elle m’apporte dépasse largement le cadre de la performance. Elle m’a permis de redéfinir ma relation au sport, et quelque part, à moi-même. Kyla a coaché des athlètes du monde entier. Son savoir est immense, son expérience impressionnante, et son humilité… immense aussi (elle détesterait que je dise tout ça !).

Mais je suis tellement heureuse de pouvoir parler d’elle. Je suis admirative de son engagement, de son impact sur le triathlon, et reconnaissante de pouvoir continuer cette aventure à ses côtés.

Quels sont vos objectifs futurs en triathlon ?

Pour le moment, je me concentre sur la distance 70.3, que j’aime tout particulièrement. J’ai encore envie de progresser, de gagner en expérience… Ça prend du temps, ça passe par des essais, des erreurs aussi, forcément ! Cette année, j’ai prévu de participer à 3 ou 4 half IronMan pour continuer à m’améliorer.

2025 marquera aussi ma première saison en tant que professionnelle, donc ça va être une nouvelle étape passionnante à apprivoiser !

Et puis, à plus long terme, ma coach et moi envisageons de me faire passer sur la distance full IronMan. Ce sera un tout autre défi… mais j’ai hâte de voir ce que l’avenir nous réserve !


L’avenir du triathlon au Québec

Quel regard portes-tu sur la nouvelle génération de triathlètes et aimerais-tu t’impliquer à leurs côtés à l’avenir ?

Je suis entourée de jeunes triathlètes incroyablement talentueux. Des filles et des garçons pleins de potentiel, et aussi de personnes avec plus d’expérience, animées par une passion immense pour notre sport. Le triathlon a un bel avenir devant lui : il repose sur une base solide et sur un amour profond, presque instinctif, que partagent celles et ceux qui le pratiquent.

Mais c’est aussi un sport extrêmement exigeant, peu importe le niveau auquel on le pratique. Et c’est justement pour ça que l’accompagnement de nos jeunes est essentiel à mes yeux. L’enjeu, c’est de leur permettre de s’épanouir pleinement dans cette discipline sans sacrifier tout ce qui fait leur vie de jeunes adultes : les études, parfois le travail, la vie sociale…

Heureusement, les mentalités évoluent, et de belles choses sont déjà mises en place pour les soutenir au mieux. De mon côté, je sais que j’aimerais m’impliquer davantage à l’avenir, quand l’entraînement laissera un peu plus de place à d’autres engagements. Car je suis profondément touchée par ce que le triathlon révèle chez les jeunes : leur force, leur résilience, leur envie.

Pour l’instant, j’apprends, j’écoute, j’observe. Et je fais de mon mieux pour être la meilleure coéquipière, la partenaire d’entraînement la plus bienveillante possible.

Sur quelles courses pourra-t-on te voir en 2025 ?

J’adore courir « à la maison » ! Le Québec regorge de magnifiques courses et j’ai la chance de pouvoir en profiter régulièrement. Je participe souvent aux étapes de la Coupe Québec, et même si mon calendrier n’est pas encore totalement fixé, j’ai quelques destinations en tête comme Gatineau, Joliette ou Laval. Je garde aussi un œil sur les compétitions de course à pied, l’offre est vaste ici aussi ! Peut-être que je me lancerai sur le demi-marathon de Montréal en septembre.

Un dernier mot ?

Toujours ! Mais je pense que c’est déjà pas mal pour le moment hahaa !! Merci de nous offrir l’opportunité de nous exprimer et de partager !

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Astrid incarne parfaitement l’essence du triathlon : l’engagement, la passion et la recherche constante de progrès. Son parcours démontre que chaque défi peut être relevé avec du travail, de la persévérance et le soutien d’une communauté inspirante.

Vous avez envie de vous lancer dans le triathlon ? Comme Astrid le dit : prenez-le un jour à la fois, avec enthousiasme et détermination !